Arcelor Mital casse les qualifications et l'outil au profit ... du profit

Nous apprenons avec consternation le licenciement de la moitié des producteurs d'Arcelor Mittal à Liège (soit 1300 sur 2100, selon Véga). Travailleurs qualifiés, courageux, compétents, ils sont condamnés à l'inactivité, aux affres du chômage comme autour d'eux le sont leurs camarades à Florange ou ailleurs.

Avant toute chose, nous nous permettons de rappeler aux intéressés que leur dignité de producteur, leur savoir-faire ne peuvent en rien être entachés par la rapacité d'un quelconque Mittal, par la volonté plus ou moins bien inspirée de compromis des organisations syndicales. Ce que vous êtes, ce dont vous êtes capables, votre richesse humaine, vos talents, personne ne peut vous les prendre.

Lien en français:

Le Soir - Arcelor lance le plan de licenciement




Le chômage peut être vécu comme une honte quand on a été maîtres des forges. Chômer, c'est vivre d'une pension misérable quand on a pu s'élever socialement par la seule force de son travail, c'est voir ses enfants élevés à crédit, à coup d'heures sup', de pauses, privés d'un avenir assuré. Le chômage, c'est cette honte, cette gêne, cette angoisse, ces tracasseries administratives odieuses de l'ONEm qui oublie que notre salaire nous appartient, à nous producteurs, de plein droit, pleinement.

La décision de l'actionnaire, puissance tutélaire, idiote, seule dans sa monomanie, clôture des siècles de savoir-faire liégeois, des générations d'hommes de fer. Nous sommes effarés devant les dommages sociaux qu'implique une décision que nous considérerons toujours comme illégitime parce qu'elle émane de propriétaires lucratifs et non de producteurs.

Pour être complets, nous rappelons qu'Arcelor fait des bénéfices, notamment grâce au capitalisme vert, au marché des droits à polluer même en fermant ses usines. A Florange, selon Basta, le même ArcelorMittal pourrait engranger 24 millions d'euros en revendant ses droits à polluer.

Nous appelons à une valorisation des savoirs-faire sidérurgique, à Liège comme à Florange, comme ailleurs, à une socialisation des salaires, à une socialisation de la gigantesque valeur ajoutée dont il est question.

Nous appelons aussi à démocratiser la production, à la rendre respectueuse de la santé des producteurs, de leurs familles, de leurs voisins, de leur région, de leur cadre de vie. Nous appelons à utiliser les talents, les infrastructures, à respecter toutes les formes de vie, la santé, les besoins et les talents des producteurs.

Inutile de dire que nous jugeons les demandes syndicales d'aumônes genre prépensions aussi compréhensibles - comment en vouloir à des représentants de vouloir sauver les meubles des gens qu'ils représentent - que pitoyables - comment admettre ce manque d'ambition.

C'est que le Mittal, au vu des infractions, des détournements de subvention, des abus de position dominante qu'il a commis, on pourrait le mettre à l'amende et lui demander ... tiens, pourquoi pas lui demander la valeur exacte de l'usine qu'il compte fermer et la lui racheter avec ses propres sous, ou même un peu plus pour dépolluer les sites négligés du fait de sa ladrerie?

Tant qu'on y est, pourquoi ne pas donner le montant de cette amende aux ouvriers saignés par ce parasite (soi-disant investisseur) pour qu'ils communalisent leur outil de production?

Pourquoi ne pas bâtir de cette usine une usine moins polluante, une usine qui permette d'éviter le dumping social dans le secteur par la socialisation des salaires, une usine qui nous permettent de couvrir nos besoins le plus écologiquement possible?

De toutes façons, nous nous proposons de relayer toute information relative à une éventuelle lutte en rapport avec ce sujet, nous répétons notre souhait de voir s'unir tous les producteurs, toutes les productrices: ceux déjà au chômage, ceux qui y arrivent et ceux dont les conditions de travail sont dégradées par le chantage à l'emploi. Nous appelons à la socialisation du salaire et de la valeur ajoutée, à la libération de la créativité, de l'activité humaine, de son génie aujourd'hui entravés par la logique criminelle de l'emploi, du profit, du propriétaire lucratif. Nous croyons notre combat légitime, nous le croyons juste, nous voyons l'employisme se débattre entre crise et misère mais ce sont toujours les nôtres qui paient. Nous ne voulons plus subir, nous voulons agir, créer, vivre, devenir, inventer, titiller.

Rappelez-vous, ce qu'ils font à l'un d'entre nous, ils le font à chacun d'entre nous