La représentativité syndicale

Je suis tombé sur un article de soutien (en français) envers un syndicat enseignant sud-coréen.



Les autorités reprochent à ce syndicat de représenter les enseignants retraités et sans emploi. Nous félicitons bien sûr le KTU, le syndicat en question, de sa démarche et appelons tous les syndicats à faire de même.

L'absence de représentation des malades, des invalides ou des retraités pose effectivement un sérieux problème démocratique. Ces producteurs hors emploi ne sont pas représentés lorsqu'il s'agit de prendre des décisions les concernant.

La sécurité sociale, par exemple, est gérée 'paritairement' en Belgique ou en France. Les partenaires sociaux représentés sont l'État, les organisations patronales réactionnaires (les patrons qui veulent entreprendre sans passer leur temps à faire du bénéfice ou à entretenir de malsaines relations de subordination ne sont pas représentés) et les syndicats.

Comme les syndicats organisent leur représentation dans des élections professionnelles dans les entreprises, seuls les travailleurs en contrat stable dans de grandes entreprises sont représentés par les syndicats qui sont, du coup, tentés d'adopter une ligne politique ajustée sur les seuls intérêts de cette catégorie de producteurs, font l'impasse sur les retraités, les malades, les chômeurs et les précaires.

La chose devient cruciale quand le gouvernement entend réduire le salaire social, la cotisation, au nom de la 'compétitivité', de l'emploi ou d'autres fadaises du même tonneau. Les employés en CDI, en bonne santé, dans de grosses boîtes, peuvent admettre faire des concessions sur ce qu'ils ne perçoivent pas (à tort) comme leur intérêt vital. Du coup, les syndicats peuvent signer ce genre d'accord sans se prendre de déculottée aux élections sociales suivantes. La retraite constitue une exception intéressante: comme elle concerne aussi bien les producteurs représentés par les syndicats, ces derniers se montrent beaucoup plus fermes et ... font parfois reculer les réformes les plus fétides. Par contre, pour les allocations de chômage, les choses se passent tout à fait différemment: les syndicats ne sont pas poussés par leur base électorale à être fermes, du coup, ils ne le sont pas et les réformes fétides en matière de chômage passent beaucoup plus rapidement.

Inutile de préciser que nous sommes favorables à une représentation proportionnelle de tous les producteurs dans les syndicats. Des secteurs comme le textile seraient majoritairement constitués de producteurs sans emploi, ce qui les rendraient certainement moins conciliants envers tous les plans d'activation (lire, de harcèlement) ou d'accompagnement (vers la misère) qu'ils signent gentiment aujourd'hui, sans faire de vagues.

Tous les producteurs doivent être représentés ensemble car leurs intérêts sont les mêmes. J'en veux pour preuve qu'un chômage moins 'généreux' pousse les salaires poche vers le bas et qu'une situation de plein emploi avec de bons salaires pousse vers le haut les allocations de chômage.

Nous appelons tous les syndiqués à se battre sur le point de la représentation de tous les producteurs; nous interpellons les syndicats pour qu'ils réorganisent les élections sociales de telle sorte que cette représentation soit effective.

Au moins, qu'un syndicat jaune, qui trahisse un partie des producteurs (sans emploi) se prenne un veste aux élections. C'est le strict minimum.

Toute notre sympathie et tout notre soutien au syndicat coréen, lequel a l'insigne honneur de déranger les autorités, ce dont peu de syndicats européens peuvent malheureusement se targuer.